Ca y est, j’ai fait mon premier TED ! Ca faisait depuis 2012 que je me disais « un jour, il faudrait que je fasse un TED talk ».
J’ai passé plus d’un déjeuner seul au bureau, devant mon ordinateur, avec les idées partagées par les speakers sur scène. A m’informer, à apprendre, à admirer aussi leur aisance technique.
Allez, court article pour vous raconter la journée du TED x GEM qui a eu lieu le 30 mars 2022.
J’ai été élevé dans un univers violent. Et je ne le savais pas trop. Pour moi, c’était normal.
Mes amis aussi étaient fils de gendarme, donc la guerre, le maintien de l’ordre, les arrestations, les patrouilles, on connaissait.
Pourtant depuis des années, je réfléchis à des techniques pour faire baisser la violence (j’ai beaucoup travaillé sur les thématiques du harcèlement scolaire, et depuis que je suis papa, je ne peux m’empêcher d’y penser encore plus).
Je suis copywriter. Mon métier, c’est de vendre avec les mots.
A un moment, je vendais de l’amour. Désormais, je vends du business, du CA, plus de clients sur Les Mots Magiques.
Le point commun ? Au cœur de mon travail, c’est toujours la communication, et le choix des mots.
Récemment, une étude m’a marqué. Celle qui expliquait qu’on devenait plus facilement violent quand on manquait de mots.
La gifle qui part toute seule quand on est à bout d’arguments, vous la connaissez vous aussi ?
Voilà le cœur de ce TED, ma BIG IDEA pour parler en termes marketing.
Mon TED talk, prochainement en ligne, s’intitule « Changer les mots, changer le monde ».
Pourquoi ? Parce qu’en anglais, c’est encore plus cool : « Change the words, change the world ».
(Oui, en marketing, on pense à l’international, you know ?)
Dossier de candidature pour la conférence TED
A un moment dans l’année, en novembre ou décembre, l’équipe en charge du TED ouvre les candidatures et se met à chercher des conférenciers.
Soit on vous contactera, soit vous pourrez postuler.
Attendez-vous à un entretien de motivation avec des jeunes très motivés, de 20 à 22 ans, qui veulent assurer le meilleur line-up pour leur événement.
Puis un jour, un à deux mois plus tard, quand vous avez oublié cette histoire, ils vous envoient un mail : « Salut, tu fais quoi le 30 mars ? Bienvenue parmi les 10 conférenciers du TED x GEM !»
Ils avaient validé ma candidature et l’idée globale de mon intervention sur le pouvoir des mots pour changer le monde.
Le cahier des charges devient un peu plus spécifique, plus précis : chaque TED a un thème en particulier.
Cette année, pour ce TED x GEM, le thème était « Connecting the dots ». En français : créer du lien.
Et quoi de plus naturel que les mots, pour créer du lien ? (Mon ventre répond : la bouffe, évidemment. Mais les mots, c’est déjà pas mal).
Timing pour la préparation d’un TED TALK
Très rapidement, je l’ai joué comme Abraham Lincoln (chasseur de vampires).
Vous connaissez sa citation : « Si on me donne 4 heures pour abattre un arbre, j’en prends 3 pour aiguiser ma hache. »
J’ai conservé l’esprit de la citation, et j’ai mis très longtemps à me mettre à l’écriture de ce TED.
J’ai regardé les TED talks de mes amis : Maïa Mazaurette, Cyril Benzaquen, Stéphanie Toussaint, Clothilde Chaumet.
J’ai appelé Maïa pour lui expliquer mon stress ultime : ne pas avoir de mémoire, ne pas me souvenir de mon texte une fois sur scène.
La dernière fois que j’ai appris un truc par cœur, ça devait être en CE1, une poésie ?
Ou allez, en prépa, pour tout vomir le jour des concours et tout oublier dès le lendemain.
Elle m’a donné de précieux conseils, notamment celui de répéter dans des environnements bruyants, et en mouvement : dans les supermarchés, dans les parcs.
Encore merci Maïa.
Stéphanie Toussaint aussi m’a donné un très bon conseil : elle m’avait dit de ne pas tout apprendre, mais de penser en image, de visualiser ces 18 minutes comme 18 images, et chaque image avait ses quelques lignes de texte. Merci Stéphanie !
Avant d’écrire ma conférence, j’ai décidé de me replonger dans les livres sur la prise de parole en public que j’avais.
J’ai réussi dieu sait comment à en perdre un pendant ma préparation… et l’autre, je ne suis même pas allé jusqu’au bout parce que…
J’ai manqué de temps de préparation.
Combien de temps pour se préparer à un TED talk ?
Dans un des livres consacrés à la préparation d’un TED, Devenez un grand orateur Ted, l’une des speakeuses explique avoir passé plus de 200 heures sur son TED.
Et qu’elle l’a joué à de nombreuses personnes, et que chacune lui soufflait une idée pour améliorer son speech.
L’auteur, un spécialiste de la prise de parole en public, donne les exemples de Steve Jobs, qui préparait lui aussi ses interventions pendant des mois pour être parfait sur scène.
De mon côté, je savais que je n’aurais pas ces 200 heures. J’étais trop pris avec mon activité de copywriter, tant avec les clients pour qui j’écris que ceux que j’accompagne dans ma formation au copywriting.
L’écriture, ce n’était pas le plus dur. (Rappel : je suis copywriter, je suis censé savoir écrire, au moins un peu).
Le plus flippant pour moi, c’était de mémoriser le texte.
Dans le groupe Whatsapp avec toute ma « promo », mes collègues avançaient. Ont fait des répétitions ensemble. La dernière répétition collégiale a eu lieu le 24 mars à Paris, 6 jours avant le TED x GEM mais je n’ai pas pu m’y rendre.
Mes camarades avaient tous des histoires géniales et une présence sur scène incroyable :
Vanessa Hellebuycq,
Myriam Multigner,
Héloïse Monnet,
Aliénor Duron,
Chun-Wing Lam,
Wallerand Moullé-Berteaux,
Cassandre Milius et
N’Geur Sarr.
Les organisateurs nous ont heureusement attribué des coachs de prise de parole en public.
Le mien a été génial. Merci Pierre Bonnet.
La première fois que je lui ai « joué » l’intro et la partie 1, il a eu les bons mots pour m’orienter.
La deuxième fois, il m’a rassuré.
Entre temps, j’ai appelé les cerveaux, « mon équipe ».
Mon meilleur ami qui m’a dit de couper toute une partie bien trop blabla (merci).
L’autre témoin de mon mariage qui m’a soufflé une idée pour la fin (merci).
Alexis et Laurène Sindicic (Alexis désolé, mais Laurène a eu de meilleurs inputs…) Merci !
Valentin Becmeur, mon coach en éloquence historique : « Coupe. Coupe. Et coupe encore. » Dans la voiture pour me rendre à Grenoble, j’étais encore en train de couper ! Message reçu, et merci !
Mon frère et ma sœur : merci pour votre soutien.
Ma femme évidemment : merci pour ta patience, ton écoute et ta bienveillance (et pour les photos aussi).
Jérémy Kohlmann, le coach des coachs : merci pour les gifles, pour le recentrage.
Et Michael Sehn aussi pour la technique scénique : merci Michael pour ce call back qui m’a permis de conclure intelligemment ce talk !
Et je remercie évidemment ma maman pour ses petits textos motivants !
Merci à Leila pour sa technique du « tu relis ton texte avant de dormir »,
Et à Tahar pour sa technique du « tu réécris ton texte à la main » (j’en ai encore des crampes, 2400 mots, ça prend du temps !)
(Et je n’oublie pas l’équipe qui a organisé ce Ted talk, les coachs présents sur place qui ont su avoir des mots apaisants à un moment où j’étais plutôt en panique).
Je n’ai pas eu les heures de préparation nécessaires, ça m’a fait peur, et quand j’ai vu le niveau de préparation des autres, ça a été pire.
Quoi ? Moi ? Me comparer aux autres ? Alors que je dis toujours de ne pas le faire 😊
Vous le savez, les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés.
La journée du Ted : comment ça s’est passé ?
Je suis arrivé en voiture, j’ai eu le temps de répéter encore une fois vers 15 heures.
A 16 heures, je suis monté le premier sur scène et TROU DE MEMOIRE.
Blanc / noir / absence. J’ai perdu le fil après mes deux phrases d’intro.
Comme Rabbit, le personnage joué par Eminem dans 8 mile.
Cœur qui bat vite, voix qui se coince dans la gorge et plus de cerveau.
Et encore, je n’étais QUE face à 10 personnes dans ce grand amphi vide.
Qu’est-ce que ça allait être face à 100 personnes ?
De 16 à 18 heures, on a répété pour apprivoiser la scène, et vers 17 heures, on a pu enfiler les micros.
Là, ça allait déjà un peu mieux, mais je n’ai pas pu tester la télécommande qui fait avancer les slides du Powerpoint.
Quand les invités sont arrivés à 18 heures, je ne suis pas resté pour regarder mes 5 premiers camarades sur scène.
Leur excellence allait me paralyser encore plus, et je ne voulais pas me mettre plus de pression.
Alors je suis resté dehors. Backstage. Et j’entendais les applaudissements.
Heureusement, un ange est passé par là, et m’a aidé à faire redescendre la pression.
J’ai pu répété mon intervention une dernière fois avec N’geur Sarr, la boss du podcast sur la réussite, Gatemeri.
Juste elle et moi. Et ça m’a fait un bien fou.
Puis elle a pu se servir de mes oreilles aussi, elle a répété son intervention devant moi, avant qu’on aille s’enfermer dans la loge avec nos appli de méditation puis un peu de musique.
Pour elle, du Nina Simone je crois.
De mon côté, mes gros classiques rap qui mettent en forme avant de monter sur le ring !
Je ne sais pas si j’étais prêt, mais en tout cas, c’était à mon tour de passer sur scène…
La suite de « Sélim Niederhoffer fait un Ted Talk à GEM » au prochain épisode !
Trop hâtes de voir ta première conférence TED Sélim !
Bravo pour la discipline 🙂
Merci mon Rémi ! On en parle en mai quand je viens à Paris ?