Ça m’a choqué. La première fois, c’était dans un train en 2004. Sur ce Grenoble-Lyon, je me retrouve dans un wagon avec une fille de mon école, qui me voit lire un roman.
Elle me demande, très sérieusement : « Mais ça te sert à quoi ? On fait des études de management, de commerce. En quoi ça te fait gagner quoi que ce soit ? Quel avantage concurrentiel en retires-tu ? »
Là, j’ai bredouillé. Bon, elle est devenue contrôleuse de gestion, elle aimait les chiffres, elle faisait déjà partie de l’association la plus professionnelles de l’école. En clair : pendant son temps libre, elle faisait des études de marché, alors que je jouais au foot, à FIFA et que je lisais de tout… des romans, des comics, des mangas, des BD, des biographies.
Plus de 20 ans plus tard, je ne peux m’empêcher d’éprouver de la tristesse pour elle. J’ai toujours développé mon imaginaire. J’ai toujours eu la tête ailleurs. Et quoi de mieux que le cinéma et les livres pour s’évader ?
Avec le recul, mon comportement était « normal » au vu de ma profession actuelle. Je suis copywriter, donc je lis de tout… et vous devriez en faire autant. Je vous explique pourquoi vous ne devez pas lire que des livres sur le copywriting.
I] Lire des romans, ça détend.
OK vous voulez devenir le meilleur copywriter au monde.
Mais vous savez ce que font les meilleurs copywriters au monde ? Ils se détendent.
Ardisson confiait que certaines pubs lui étaient venues avec un pétard, dans le bain.
Je ne fume pas, ne me drogue pas, ne m’accorde un verre que de temps en temps avec les meilleurs spiritueux.
Mais je veille à mes échappatoires pour me détendre.
Outre le sport et le cinéma, j’ai toujours lu.
Depuis la bibliothèque rose et les Spiderman de mon père, j’ai toujours eu une carte de médiathèque, un abonnement au journal de Mickey, à Vocable, à Newsweek, à Technikart ou à l’Express.
J’ai lu beaucoup de polars (je vous recommande d’ailleurs le très bon Brûlez tout, Prix du Quai des Orfèvres 2025). J’ai eu une période heroïc fantasy.
Alors qu’ils débarquaient au cinéma, j’ai rattrapé Harry Potter et le Seigneur des Anneaux entre 2001 et 2002, lors de chaque période de vacances. J’étais bien plus absorbé par ces mondes imaginaires que par Camus, Nietzsche ou Sénèque à l’époque.
Lisez la Bible, lisez le Coran, lisez Vogue ou Vanity Fair, lisez Churchill ou n’importe quelle biographie écrite par Isaacson (Jobs, Da Vinci, Musk, Einstein), mais lisez.
II] Lire des romans, ça affine le style.
On parle souvent de style dans le copywriting, et le livre le plus récent qu’on recommande est Mémoires d’un métier de Stephen King.
Je l’ai lu parce qu’il fait partie de la base pour apprendre à écrire, pour apprendre les bases du copywriting aussi, mais j’ai surtout suivi une voie depuis 2001.
Vous savez pourquoi j’aime l’œuvre de Beigbeder ? Parce qu’il ne fait pas qu’écrire et raconter sa vie. Il présente aussi, tous les 10 ans, une liste des meilleurs livres à lire.
Quand on lit un mauvais livre, mal écrit : que de temps perdu…
Vous comme moi, nous manquons de temps. On adorerait lire la liste de tous les classiques. Français, Russes, Américains, Anglais, Irlandais, Allemands, Italiens, Japonais (là s’arrête ma culture livresque, je connais très mal les auteurs hispanophones et le reste du monde).
Frédéric Beigbeder, ancien copywriter reconverti en romancier, réalisateur, chroniqueur, cherche à nous aider, en sélectionnant pour nous le meilleur du meilleur.
A travers les 4 œuvres suivantes, il vous permettra de vous plonger dans des classiques de la « bonne » littérature pour améliorer votre style.
En 2001, c’était Dernier inventaire avant la fin du monde.
Puis vînt en 2011 Premier bilan après l’apocalypse
10 ans plus tard, 2021 : Bibliothèque de survie.
Collection à laquelle on pourrait ajouter le Dictionnaire amoureux des écrivains français d’aujourd’hui, publié en 2023.
Lire les livres qu’il nous recommande, ce n’est pas “nous cultiver”.
C’est entraîner notre oreille.
Comme un musicien qui écoute du Bach pour mieux improviser ensuite.
III] Lire de tout ? Des romans, des mangas, des comics, ça développe l’imagination.
Votre cerveau vit ce que vous lisez. Des tas d’expériences en neurosciences le prouvent. N’avez-vous pas arpenté les couloirs de Poudlard en étant Harry ou Hermione ?
Ne vous êtes-vous pas balancé de gratte-ciel en gratte-ciel à NYC sous votre masque de Spiderman ?
On demande à un copywriter de déployer son imagination. De trouver la Big Idea, l’angle original qui permettra de faire parler du produit.
On ne lui demande pas de se tuer au travail. Dans une formation en écriture que j’ai suivie, Jeff Goodby, un des créateurs de la campagne Got Milk racontait cette anecdote. Il venait de rencontrer Ogilvy, et voulait impressionner le prince de la pub.
Ogilvy lui demanda : « Et tu bosses combien d’heures par jour ? »
Goodby : « Je passe plus de 10 heures par jour à écrire ! »
Ogilvy, peu impressionné : « Mais pourquoi ? Va donc au cinéma, va lire des livres. Tu ne peux pas être bon si tu écris 10 heures par jour. Tu es payé pour vivre ! »
Si même le père de la pub moderne vous dit d’aller lire… si Stephen King répète que pour devenir bon, il faut lire et écrire… et si je vous le répète chaque semaine lors des sessions de CopyLive : lisez et vivez !
Votre écriture n’en sera que meilleure !
Votre ami,
Sélim
(Qui retourne à son Dragon Ball 24 !)
