Mon père a bien essayé de m’apprendre des trucs de la vie, des choses importantes. Percer des trous, peindre un mur, poser du papier peint, mettre des joints pour éviter les fuites d’eau etc…
Mais ça ne m’a jamais intéressé. Le travail manuel pour moi se limitait à faire des châteaux de sable, construire des cabanes, mettre la table, et cueillir des jonquilles quand c’était la saison, pendant les balades en forêt.
Devenu adulte et père de famille, je me demande ce que je vais transmettre à ma petite fille. Une réponse est sûre : ce ne sera pas ma trousse à outils, pour une raison simple…
C’est que je n’en ai pas. Je suis un homme, un vrai, avec de la barbe, mais pas de tatouage, ni de trousse à outils non plus. Je n’ai jamais vraiment eu besoin de me trimbaler avec une caisse à outils tout au long de mes déménagements.
Chez moi, ça a souvent été spartiate : un lit, un bureau, une bibliothèque, et je n’ai jamais fixé la moindre étagère au mur. Je vivais dehors. Je n’étais chez moi que pour dormir.
Le bricolage ? Grosse flemme, pas le temps, pas envie d’apprendre ces compétences nécessaires.
Quand j’étais gamin, je préférais aller jouer au foot avec mes amis, et maintenant, je préfère travailler sur le prochain livre, sur le prochain article, et déléguer.
Ce qui m’a souvent valu des moqueries de la part de mes compagnes successives. Qui elles, passaient du temps sur des tutos Leroy Merlin ou autres sur Youtube.
Et leurs pères leur avaient offert des trousses à outils (même si c’est souvent les papas qui venaient faire de menus travaux : toujours un moment où je ne me sens pas AU TOP DE MA VIRILITE, mais bon, c’est comme ça, même Superman a son talon d’Achille).
Heureusement que j’ai rencontré Hervé et son outillage Makita.
Le type m’a sauvé la vie, avec sa ceinture à outils qu’il porte fier comme un cowboy.
Récemment, j’ai déménagé : heureusement que les copains étaient là pour m’aider à porter, parce que ma femme était enceinte.
Mais ensuite, quand il a fallu monter les lits de bébé etc… j’étais seul face aux différents modes d’emploi et instructions de montage. Ce calvaire.
Un lit annoncé montable en 30 minutes, j’ai presque mis le triple de temps. Ça va plus vite pour moi d’écrire des tutos pour détartrer la machine Nespresso ou du contenu professionnel pour mes clients en copywriting.
Donc je me suis connecté sur une appli, Allovoisins, pour trouver quelqu’un qui pourrait percer les trous, installer les étagères partout, fixer tout ce qu’il y avait à fixer etc.
Hervé est arrivé avec son matériel, tous ses outils, nous a donné les bons conseils, et a fait un super job.
Et sans surprise, Hervé a plus de 45 ans. Il fait partie de cette génération qui a connu le service militaire, et qui sait faire des travaux manuels.
J’ai demandé autour de moi si j’étais le seul à être aussi ignare en termes de travaux, et j’ai été rassuré par quelques témoignages de mes amis. Fort diplômés, bien éduqués, et bras cassés comme moi.
L’un d’entre eux fait traîner depuis des mois l’accrochage des tableaux au mur. Un autre fait semblant d’aimer son beau-père pour que les travaux aillent plus vite.
On est vraiment une génération de perdus… A moins que ce ne soit une question de diplômes ? Plus on en a, moins on sert à quelque chose avec nos bullshit jobs ?
A ce sujet, David Graeber, le sociologue, ethnologue inventeur du terme bullshit job, est décédé cette semaine.
Anarchiste convaincu, il a beaucoup été cité pendant le confinement, quand on parlait des « travailleurs essentiels », qui étaient pourtant les moins bien payés.
En tout cas, ça donne à réfléchir. Je crois que mes mains ne sont pas faites ni pour bricoler ni pour jardiner. La cicatrice sur mon auriculaire gauche me rappelle que le sécateur n’était pas mon ami, donc je vais me contenter de pianoter sur mon clavier et écrire des histoires.
A ce sujet, si vous aimez les histoires d’hommes bien virils, j’ai sélectionné pour vous 7 séries pour les hommes sur Netflix !
Je vous laisse, je vais lire tout le manuel d’installation de mon cooler Dyson !