Oui. Je le suis sur Twitter. Je le follow si vous préférez. Dans la tête de Bret Easton Ellis. J’aimerais entrer une fois dans le cerveau d’un auteur contemporain pour comprendre comment naissent les idées, comment autant de créativité peut émerger d’un seul cerveau.

Les puristes me pardonneront la simplification : Bret Easton Ellis, pour ceux qui ne le connaissent pas, est le père spirituel de Frédéric Beigbeder, auteur français devenu cinéaste récemment avec son film L’amour dure 3 ans.
Beigbeder place l’ouvrage American Psycho de B.E.E. numéro 1 de sa liste des livres, dans son Premier Bilan après l’Apocalypse. (L’apocalypse étant l’existence des e-books).
J’ai découvert Beigbeder en 1999-2000, juste avant de lire mon premier B.E.E. Je voulais comprendre comment on devenait écrivain, comment se passe le processus créatif. Ellis a accédé (en partie) à ma requête le week-end dernier, c’était fou…
Je me préparais, un samedi matin comme les autres, pour aller au bureau avant une session de coaching en séduction. Je me connecte sur Twitter et je vois passer un tweet de B.E.E. Je clique, et j’arrive sur sa Timeline (tout ce qu’il a écrit, tous ses messages).
En live. En direct. Il annonce qu’il est une heure et qu’il est assis à son bureau. Et il annonce le retour probable de Patrick Bateman. Comme ça. Au vu et au su de tous. Préméditation marketing pour qu’on en parle ? Abus d’alcool ? Plaisir d’offrir à ses followers et ses lecteurs du monde entier une expérience inédite ?
Sur le moment, on ne sait pas ce qui se passe, tout ce qu’on voit, ce sont les tweets qui arrivent de manière régulière, toutes les 5 à 10 minutes. Les vannes sont ouvertes, le clavier de Bret est en feu.

L’adolescence de Patrick Bateman, le héros d’American Psycho. Il serait question de meurtres évidemment. Prequel ? Ou séquence intégrée dans une sequel (une suite) ?
Comment se positionnerait Bateman dans un monde où l’exigence de transparence est omniprésente ? American psycho est sorti en 1991, comment ce serial-killer attachant échapperait-il aujourd’hui à la géolocalisation et aux caméras de vidéosurveillance ? Live-Tweeterait-il son dernier massacre ?
B.E.E a toujours eu une très grande culture pop, a toujours imprégné ses romans de ces musiques merdiques qui passent sur les radios (et que j’écoute parfois, sans trop de honte). Il n’est donc pas étonnant de le voir nous livrer des pensées sur Adele, Kanye, Katy Perry, Chris Martin et Rihanna.
Là où ça devient intéressant, c’est quand Bret Easton Ellis parle de réseaux sociaux.
Bateman posterait des photos de ses meurtres sur Facebook et tout le monde s’en foutrait, personne ne le remarquerai. Je ne suis pas vraiment sûr de ça, les règles de publication sur Facebook étant très strictes (cf mes bannissements de Facebook)
Ellis nous entraîne comme d’habitude dans ses sujets de prédilection : vacuité, vanité, pop songs et meurtres. Et sexe, évidemment. Avec des possibilités de plan à trois avec Rihanna et Chris Brown. Et une envie de déglinguer les trois soeurs Kardashian. Vraiment, les trois, Patrick ?
On pourrait aussi assister à une scène où Bateman tuerait David Beckham dans un ascenseur. Qu’avait bu B.E.E ? Etait-il complètement sobre au contraire ? peut-on considérer ces quelques tweets comme des pistes sérieuses ? Comme du teasing ?
Alors que Beigbeder le Français semble lutter contre la technologie, j’ai l’impression que Bret l’Américain embrasse le changement comme s’il était inéluctable, comme s’il ne servait à rien de lutter contre les nouveaux usages.
A tel point que même le modus operandi de Bateman risque de changer. Cette fois-ci, il trouvera ses victimes sur Blendr… Bienvenue en 2012.
Patrick Bateman à l’ère du web2.0, affaire à suivre.
NdA : Remontez au samedi 10 mars sur sa Timeline pour relire les deux heures de notes. Ou comble de désespoir, allez lire l’article similaire chez Fluctuat. Ecrit plus tard, mais publié avant le mien. Bref, j’ai envie de me gifler…